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Juillet 2004 - le 12

Citoyens dynamiques, citoyens passifs.

L'injustice, la famine, la maladie, la guerre, la répression sont malheureusement omniprésentes dans de nombreux lieux et pays du monde entier.
Mais aujourd'hui, je souhaite juste porter mon regard plus près de chez moi (de chez vous aussi peut-être) : en France.

Ce choix est dicté par un événement malheureux qui s'est produit à Paris le 09 juillet 2004. En effet, comme vous le savez peut-être, une jeune femme de 23 ans - accompagnée de son bébé de 13 mois - a subi une agression de la part de 6 jeunes hommes dans le RER parisien. La jeune femme a été agressée à cause de son appartenance religieuse ... supposée. En effet, il se trouve qu'elle n'appartient pas en réalité à ladite communauté. Notons que son appartenance à une communauté précise a été "décidée" par les jeunes gens juste parce qu'ils ont arraché le sac de la jeune femme et qu'ils ont vu sur sa carte d'identité son adresse. Bref, ses habits ont été ensuite lacérés au couteau, la poussette de son bébé a été bousculée et le bébé est tombé sur le sol, les agresseurs ont dessiné 3 croix gammées sur le ventre de la jeune femme. Notons que les autres voyageurs présents n'ont absolument pas bougé.

Je n'ai pas l'intention d'aborder le pourquoi du comment des relations entre les communautés présentes sur le territoire national français. Je n'ai pas l'intention non plus de parler des dimensions géopolitiques internationales des différents conflits par ci par là. J'aimerais plus simplement parler des citoyens vivant à Paris (là où s'est passé cet événement tragique) sans distinction d'origine, d'appartenance religieuse ou éthnique.

Trois choses me révoltent dans cette "histoire" : primo, le fait d'agresser un femme accompagnée de son bébé. Secundo, le fait d'agresser une personne selon son appartenance (ici religieuse). Tertio, l'indifférence totale des personnes qui assistent en spectateur à une telle agression.

La question qui se pose avant tout à ces trois points est : "pourquoi ?"

Je n'ai pas la prétention de pouvoir répondre à ce "pourquoi" mais je constate que la confiance et la solidarité ne sont que vains mots dans notre société. Bon, finalement, la tentation est trop forte donc je vais apporter ma réponse au "pourquoi" de mon troisième point (tertio).

L'égoïsme et l'individualisme sont tels qu'ils s'incrustent profondément dans tous les aspects de notre vie familiale, professionnelle, amicale, sentimentale, ou sociale au sens large. A force de dire et d'assener que chacun doit s'occuper uniquement et strictement de ses affaires, on finit par regarder l'autre mourir... sans état d'âme. Et pourtant, quand le malheur arrive à nous. Là, on aimerait bien que l'autre soit plus présent. Ce que je trouve hallucinant, c'est que nous sommes capables d'élans collectifs pour protester (contre l'exclusion, contre le racisme, contre la montée de l'extrême droite, contre une autoroute qui coupe une vallée en deux, etc.), pour revendiquer (des meilleures conditions de travail, des droits sociaux, etc.). Et c'est tant mieux et très bien. En revanche, nous sommes incapables de créer une solidarité spontanée lorsqu'il s'agit de sauver un être humain. Le trop de sécurité (oui, notre société est très sécurisée et très sure par rapport à la société du moyen-âge par exemple) a-t-il généré une demande de protection exclusive et exclusivement à l'Etat ? La réponse est probablement oui car la solidarité citoyenne qui aurait pu être dissuasive face aux éventuelles agressions publiques et en plein jour n'existe plus. Si la Police n'est là, tout le monde se sauve. Après, on crie : "Mais que fait la Police ?".
Moi je me pose la question : "Mais que font les citoyens ?"

A bientôt,
Béloukel.

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